Donnerstag, 14. Juni 2007
« Das Produkt » ou l’impossible réel
Mark Ravenhill, dramaturge et auteur londonien de 41 ans est l’enfant terrible du théâtre anglais («Shopping and Fucking », 1996, « Mother Clap’s Molly House », 2000). Il interroge la société britannique et ses oeuvres relatent de réalités peu reluisantes.
Thomas Ostermeier met en scène, ici au festival, sa pièce « Das Produkt ». C’est un récit ou le personnage principal est un producteur de cinéma obsédé par une éventuelle puissance érotique des images de l’attentat du 11 Septembre à New York, le « 11/9 », comme le dénomment les allemands.
Dans un décor qui évoque des lieux impersonnels : hauts tabourets et table de bar d’aéroport sont posés au centre de la scène qui compte deux personnages.
A côté du personnage principal interprété par Jörg Hartmann, Simone Kabst joue une femme, une actrice blonde et sexy, qui restera silencieuse mais attentive pendant toute la durée de la pièce.
Le producteur lui raconte le scénario de son prochain film. Une fiction rocambolesque, qui fait penser à un jeu vidéo. Son scénario réunit un terroriste d’Al Qaida et une femme amoureuse, Amy, en passant par un attentat à Eurodisney, des accouplements torrides, l’intervention des forces spéciales, et autres rebondissements.
Le producteur s’emballe, mime, chante la bande son, fait les mouvements de caméra, s’interroge, phantasme, se reprend, insulte, s’excite, pour convaincre l’actrice de participer à ce projet de film.
Armé d’un couteau imaginaire, il s’exalte dans son récit dans un mouvement de va-et-vient, phallus imaginaire, vers la comédienne. Tandis que, devant un panneau de néon qui forme un écran lumineux, il se met en scène tout en étant, grâce à ce procédé visuel, l’ombre de lui-même.
Les images transmises dans le monde entier de l’attentat du « 11/9 » ont fort à voir avec cette intrusion, « phallique », contre le pouvoir américain, qui lui, s’affichait comme inviolable et impénétrable.
« Das Produkt », par la métaphore du récit cinématographique, entend nous alerter sur la force et l’impact des images inventées de toutes pièces : Les boucles télévisuelles du 11. Septembre nous racontaient pas plus la réalité que le scénario virtuel.

texte: Aurélie Youlia

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