Mittwoch, 13. Juni 2007
Unter Eis - Sous la glace
perspectives, 19:01h
Une immense table laquée de noir occupe la scène dans toute sa longueur. Trois hommes en costume s’y installent à distance les uns des autres, face au public.
L’un d’entre eux, le plus âgé, est visiblement très anxieux. Ses jambes sont entremêlées sous la table et ses mains tremblent. Son nom est Personne. Paul Personne. Dans un travail de lecture monocorde et accéléré, le comédien raconte avec une certaine fébrilité les rêves et les angoisses du personnage. Dès l’enfance, il se sent à l’écart du monde, et seul le frigo dans lequel il se glisserait pourrait lui servir de refuge. Fils d’un piètre aiguilleur au sol, il raconte son manque de repères. Les métaphores filent, du ciel à la banquise, pour signifier son égarement. La pièce écrite et mise en scène par Falk Richter est un écho au mal-être des individus dans une société où les machines mais aussi les animaux finissent par confisquer la capacité de s’émouvoir. Ici se joue le drame de la perte du sens, en terme de signification et de direction.
À travers le récit des personnages, le spectacle expose les problématiques du monde de l’entreprise, de la norme imposée par le travail salarié et par la présence collatérale des collègues. « Il n’y pas de société. Il n’y a que des individus. », dit Paul Personne. Il aime se mettre en retard à l’embarquement pour entendre son nom dans les hauts parleurs de l’aéroport. « Monsieur Paul Personne est attendu porte 27. » Il dénonce une vie de « crétin en sachet » qui mange des « soupes en sachet ». Il aspire à la lumière du soleil mais reste bloqué sous la glace, « vol à -40°C ». Aurelius Glasenapp est l’un des deux autres personnages. Il est consultant en organisation du travail, chaleureux, calme et doté de psychologie. Son collègue
Karl Sonnenschein est un jeune loup agressif. Ensemble, ils assènent à Paul Personne et au public les grandes lois du management humain. Tout à tour podium de leurs discours et de leurs simagrées, la table noire est aussi un tombeau. Déjà trop vieux pour le travail à 40 ans, Paul voit apparaître son successeur sur scène, joué par un comédien de treize ans.
Falk Richter dresse un réquisitoire sans appel. « Sous la glace » est un spectacle traité à froid, qui renvoie à une situation individuelle sans issue, comme gelée !
texte: Marion Bohny-Brunel
L’un d’entre eux, le plus âgé, est visiblement très anxieux. Ses jambes sont entremêlées sous la table et ses mains tremblent. Son nom est Personne. Paul Personne. Dans un travail de lecture monocorde et accéléré, le comédien raconte avec une certaine fébrilité les rêves et les angoisses du personnage. Dès l’enfance, il se sent à l’écart du monde, et seul le frigo dans lequel il se glisserait pourrait lui servir de refuge. Fils d’un piètre aiguilleur au sol, il raconte son manque de repères. Les métaphores filent, du ciel à la banquise, pour signifier son égarement. La pièce écrite et mise en scène par Falk Richter est un écho au mal-être des individus dans une société où les machines mais aussi les animaux finissent par confisquer la capacité de s’émouvoir. Ici se joue le drame de la perte du sens, en terme de signification et de direction.
À travers le récit des personnages, le spectacle expose les problématiques du monde de l’entreprise, de la norme imposée par le travail salarié et par la présence collatérale des collègues. « Il n’y pas de société. Il n’y a que des individus. », dit Paul Personne. Il aime se mettre en retard à l’embarquement pour entendre son nom dans les hauts parleurs de l’aéroport. « Monsieur Paul Personne est attendu porte 27. » Il dénonce une vie de « crétin en sachet » qui mange des « soupes en sachet ». Il aspire à la lumière du soleil mais reste bloqué sous la glace, « vol à -40°C ». Aurelius Glasenapp est l’un des deux autres personnages. Il est consultant en organisation du travail, chaleureux, calme et doté de psychologie. Son collègue
Karl Sonnenschein est un jeune loup agressif. Ensemble, ils assènent à Paul Personne et au public les grandes lois du management humain. Tout à tour podium de leurs discours et de leurs simagrées, la table noire est aussi un tombeau. Déjà trop vieux pour le travail à 40 ans, Paul voit apparaître son successeur sur scène, joué par un comédien de treize ans.
Falk Richter dresse un réquisitoire sans appel. « Sous la glace » est un spectacle traité à froid, qui renvoie à une situation individuelle sans issue, comme gelée !
texte: Marion Bohny-Brunel
... comment
