Mittwoch, 13. Juni 2007
Le Feu: Barbusse s’en va en guerre… pour la paix
Revenu du front en 1916, Henri Barbusse (1873-1935), jeune intellectuel parisien, relate la vie dans les tranchées, la peur des combattants et les massacres à mains nues. Sa vie, en somme, et celle de ses compagnons de la Grande Guerre. Prix Goncourt en 1916, “Le feu“ est son témoignage. Du même titre, le spectacle de Balazs Gera est l’adaptation de l’un des chapitres du livre.
Au fond d’une péniche, une estrade sur laquelle repose un cube de 2 m sur 3 est dressée. Guillaume Gilliet, vêtu du manteau bleu des poilus surplombe les spectateurs. Tandis qu’il décrit les bruits de la guerre, des assourdissantes cannonades, les images des visages ensanglantés défilent. Son regard est fixement porté vers le lointain.
D’abord immobile, l’unique comédien de cette adaptation reprend les mots de l’auteur pour dire le rôle du soldat : “se jeter dans cet espèce de rôle de fou imposé par la folie du genre humain”.
Guillaume Gilliet avance alors dans un lent mouvement de sur place vers le public.
Le tapis roulant incorporé dans le cube, et sur lequel le comédien ne va plus cesser de marcher puis de courir jusqu’à épuisement, représente l’avancée inexorable des soldats dans les tranchées.
Pas de répit pour celui qui combat, pas de fuite possible pour celui qui se retrouve coincé dans les collines de la mort. Dans sa course vers l’abîme, le soldat avance droit, de plus en plus vite. Le tapis sous ses pieds prend des vitesses qui figurent la topographie du sol périlleux.
La terre déchiquetée comme un boyau par les éclats d’obus prend corps dans la langue de Barbusse. Il évoque “le flanc de la tranchée crevée”, “le sol labouré de coups” dans “la terre ouverte”.
Charnelle, son écriture a pourtant du mal ici à trouver un juste echo. Malgré la pertinence du tapis roulant, qui prend des allures de rouleau compresseur, on regrette la dissolution du texte dans l’effort à produire par le comédien.

texte: Aurélie Youlia

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