Dienstag, 12. Juni 2007
Le 20 Novembre: Destruction
Au bout d’un tunnel, dans un ancien dépôt de bus derrière la gare. À l’entrée du bâtiment, accroupi, quelqu’un trace à la craie un chemin sur le sol de béton brut. Il faut l’enjamber pour entrer dans la salle et soutenir un regard dur et rempli d’angoisse qui vous est jeté d’en bas. Le ton est donné. Le spectateur est invité dans un monde de rats, pour une expérience inconfortable et violente.
L’unique personnage de la pièce, Sebastian, est interprété par Anne Tismer dans ce monologue d’une heure. Sebastian Bosse est un jeune allemand qui a défrayé la chronique en 2006 pour avoir ouvert le feu dans son collège avant de se suicider. Être regardé d’en haut par l’étroite porte d’entrée du jugement d’autrui, c’est un peu ce que ressent Sebastian selon Lars Noren.
Le spectacle se déroulera sans musique, ou presque. La voix et le souffle de la comédienne empliront la pièce, ou presque. Sebastian ressemble à un héros de tragédie, ou presque. Sebastian interpelle le public. Il veut que tout le monde le regarde, que tout le monde l’entende. Il a l’air fort mais il est déjà parti depuis longtemps. Mort depuis plus longtemps encore. Dans cette boîte grise de béton, Sebastian nous crie sa colère, littéralement au pied du mur de la société. Lars Noren, activement aidé par la présence dramatique de la comédienne, réussit à nous plonger dans les ténèbres.

texte: Marion Bohy-Bunel

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